La finance comportementale s’intéresse au facteur humain dans la décision de gestion. Elle fait partie des solutions d’avenir pour une industrie qui va complètement se redéfinir. Son impact organisationnel est important (Formation, outils de suivi, etc..)

Depuis le Nobel d‘économie 2002 de Kahneman et Smith, certains acteurs des marchés ont commencé à intégrer la finance comportementale dans leurs pratiques.

Cette intégration pourrait être une l’une des solutions dans une industrie qui cherche de nouveaux repères dans une crise qui perdure.

Elle est aussi la prise en compte (Voire re-prise en compte) du facteur humain et boursier dans une industrie, qui sous l’effet des bull markets avait complètement fait l’impasse sur le sujet et tenté de mécaniser à outrance ses systèmes de décisions. Tant est qu’entre 1982 et 2000, puis entre 2003 et 2008, le thème était : trouver une réponse au traitement de masse de batteries de portefeuilles dans des tendances apparemment immuables. Depuis 2008, la réponse à l’avalanche réglementaire a empiré cette mécanisation

autruche

Je suis de près ce sujet qui fait partie des outils de redéfinition de la gestion active.
Nous allons voir que la finance comportementale peut être résumée de deux manières :

– Académiquement, il s’agit d’inclure le domaine de la psychologie (de foule et individuelle) dans la prévision economico financière.

La considération est que CAPM et EMH (Hypothèse des marchés efficients) sont obsolètes, ce que tentaient déjà de démontrer les praticiens de l’analyse multifactorielle depuis les années 90 (Analyse quantitative de corrélation entre facteurs affectant les prix).

– Pratiquement, il s’agit de considérer que l’économie et la finance sont bien des sciences « floues » et que l’on doit cesser de tenter de les faire tendre vers les sciences « dures » (Mathématiques, physique).

Sciences dures : a+b=c
Sciences floues classiques : a+b= x+e, sachant qu’il faut que e tende vers zero
Sciences floues”comportementales”: a+b= x+E, sachant qu’il faut que E existe

En termes d’outils, les théoriciens abandonnent par exemple déjà la VaR (Value at Risk), après l’avoir opposée à l’utilisation de la loi normale, tout ceci au profit par exemple des lois stables. Ces dernières intégrant mieux l’existence de l’exception.

Exemple de l’évolution : l’analyse multifactorielle ou quantitative définira un univers à partir de capitalisations minimales, l’analyse comportementale le définira à partir des liquidités moyennes et tentera de voir si par exemple le prix unitaire du titre définit une classe de liquidité (Les fameux « penny stocks australiens qui attirent une foule d’investisseurs..) En bref c’est la recherche de la réponse à « pourquoi le marché s’intéresse t’il à tel ou tel titre », plutôt qu’à « quel est le prix théorique de cette valeur ? »

reflexion

Autre exemple, la « dictature du consensus » amène à une prise en compte tardive des retournements de conjoncture par les investisseurs (Effet Alcatel, effet Enron, effet AIG, effet Citi..), des gestions se sont déjà montées pour exploiter ce style de retard (Fuller and Thaler Asset Management).

L’impact probable sur l’évolution du métier de la gestion est l’intégration des données « boursières » dans l’évaluation des cours : flux, contraintes mécaniques, contraintes psychologiques, etc.

Le gérant, dans un modèle de finance comportementale ne peut plus justifier d’un style growth ou value, il doit raisonner en opportunité, arbitrage, money management, gestion active des poches de sous-performance et environnement perpétuellement incertain. Le savoir faire du gérant individuel revient au premier plan. (Une question peut-être : quels gérants sont aujourd’hui formatés pour répondre à cette évolution ?)

Il est intéressant de noter que la « Behavioural Finance » est assez proche des idées de Peter Lynch qui fut le gérant de Magellan, le plus gros fonds de Fidelity, elle est également proche certaines idées de Georges Soros).

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