Voilà un sujet de débats passionnés, de recettes « miracle » et de déboires répétés !
Que l’opérateur soit un professionnel ou un particulier, il s’avère que quelques règles (rarement toutes appliquées) permettent, non de gagner à tous coups, mais de maximiser la qualité d’une gestion d’actifs.
Ces règles s’appliquent pour tout placement financier, que ce soit en direct sur des valeurs ou par le biais d’un fonds ou d’une SICAV.
Commençons par le commencement :Comment bien acheter ?
Les professionnels le savent, la première règle est de… connaître les règles du jeu !
Par règles du jeu, on entend tout l’environnement réglementaire, technique et humain de l’objet d’investissement.
Ce n’est pas abominablement compliqué, mais ce n’est jamais intuitif.
Ces règles varient suivant le statut de l’acheteur (professionnel, particulier, teneur de marché…).
Les frais, les places de cotation, les sources d’information, la durée de portage, les contraintes vont donc dépendre de qui achète.
Elles ont un impact direct sur le résultat final.
Le second point est de placer pour les bonnes raisons.
Vous me direz que c’est naturel.
Eh bien non !
Les publicités pour les produits financiers montrent toutes les plus mauvaises raisons d’initier un placement.
La plus mauvaise d’abord : placer pour une raison fiscale. La grande majorité des placements initiés pour un motif fiscal s’avèrent des désastres. Certes la fiscalité a un impact, parfois massif sur la performance, mais elle doit être un critère de confirmation et non d’initiation de la décision.
La seconde plus mauvaise : les performances passées. Aucune garantie de réplicabilité d’une performance n’existe ! C’est d’ailleurs écrit (en tout petit) sur chaque document de sollicitation commerciale pour un produit financier.
Mais alors, quels sont les bons critères d’achat?
Je vous dirais qu’il n’est de critères « absolus », si ce n’est deux règles de base, on achète :
– une valeur que l’on comprend et sur lequel on maîtrise le flux d’informations ;
– parce que les informations que l’on a permettent d’anticiper que d’autre achèteront la même valeur plus cher plus tard.
Acheter une information qu’on ne maîtrise pas, un produit ou un sous-jacent qu’on ne comprend pas, « parce que le produit est sous-coté », bref, acheter en ne maîtrisant pas son propre système de décision ne peut que conduire au désastre.
Warren Buffet dit entre autres « j’achète du Gillette parce que je me rase avec Gillette » . Warren Buffet est un bon professeur.
J’ai vu des gérants professionnels acheter des valeurs dont ils ne comprenaient absolument pas les produits ou les services. Devinez si leur fonds a performé ! 🙂
Bon, là nous avons donc acheté, il faudra donc vendre.
Ce n’est qu’en vendant qu’on encaisse.
Tordons le cou à un vieux et idiot pseudo précepte : « tant qu’on a pas vendu on a pas perdu ».
En réalité, tant qu’on a pas vendu, on a rien gagné. Un gain « virtuel » peut s’effacer en une séance de bourse.
Si la position est perdante, rien ne dit qu’elle ne sera pas plus perdante encore demain.
Un placement boursier est une somme convertie en position sur une valeur. J’ai un capital immobilisé, rien de plus.
Si je le débloque, je peux l’utiliser à autre chose de plus pertinent.
Alors comment vend-on ?
Cela peut paraître paradoxal : les meilleurs et les plus durables des opérateurs définissent leur vente au moment ou ils achètent ! C’est ce que les anglo saxons appellent « money management ».
Mais encore ?
En fait, quand on achète il faut systématiquement avoir un objectif et un stop. L’objectif, tout le monde connaît, mais le stop ?
Un ordre stop est un ordre de « préservation du capital », un ordre qui permet de prendre ses pertes sans continuer à subir une baisse qu’on ne comprend pas.
Pour appréhender l’intérêt du stop, il faut réaliser que l’on peut se tromper. Quand on se trompe, le vecteur de placement baisse, ou les informations qui ont conduit à son achat changent. Dans ces cas, on a plus de chances de continuer à perdre, puisque :
– on s’est trompé (on pensait que ça allait monter) ;
– il y a sûrement des opportunités plus intéressantes ailleurs.
Avoir un objectif et un stop à l’origine permet en plus de calculer le rapport risque/potentiel (le risk/reward des anglo saxons). Il faut à minima un rapport de 3 pour 1. Si j’achète à 100 avec un objectif 130 et un stop à 90, mon scénario tient la route. Si mon objectif est 120 et mon stop 80, même si je suis intimement convaincu que ça ira à 120, je prends trop de risques.
Pour compléter la compréhension du stop et de l’objectif,
– ils peuvent être, non des niveaux de prix mais des conditions. Pour certains opérateurs, tant que Steve Jobs était à la tête d’Apple ils restaient acheteurs, quand il a disparu, c’était leur stop.
– ils peuvent être réévalués, à condition de l’être tous les 2 : mon objectif initial était 130, mon stop initial était 90, le cours à évolué à 120, je réanalyse ma position comme au premier jour, et je vois que je peux avoir un objectif à 150 et un stop à 110, ce sont mes nouvelles bornes de mon placement.
La règle absolue, quand on touche l’objectif ou le stop est de laisser le marché décider pour nous.
On vend.
On prend son gain, ou sa perte et on va voir ailleurs, d’autres opportunités.
Ces principes essentiels sont valables quelque soit l’horizon de placement. En réalité, ce n’est pas le temps qui doit nous dicter le moment de vendre, mais l’objectif et le stop qui ont l’immense avantage d’être dégagés de toute émotion.
Ils ne permettent certes pas de gagner à tous coups, ni ne garantissent des performances fabuleuses.
Ils permettent de mettre le maximum de chances de notre côté et surtout de ne pas changer de système de décision en cours de route.
Répétons le : un placement ne doit jamais être décidé pour une raison fiscale. Il doit être décidé pour son potentiel de rendement ou son potentiel d’appréciation du capital.
L’aspect fiscal ne rentre en ligne de compte que comme notion d’arbitrage : si j’ai le choix entre deux vecteurs de placement, que mes objectifs et stops sont équivalents, là, oui, le vecteur le plus attractif fiscalement aura ma préférence.
Si la fiscalité est confiscatoire sur mon vecteur d’investissement, je change de classe d’actifs, c’est tout.
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En bref : achetons ce que l’on comprend, avec un objectif, un stop, systématiquement.
Vous seriez étonnés de savoir le nombre d’acteurs particuliers ou professionnels qui ne respectent pas ce simple principe et qui contreperforment juste à cause de cela, se laissant porter, non pas par un système de décision maîtrisé, mais par les moteurs des marchés financiers : appât du gain, peur de perdre et effet de foule.
Pourtant c’est simple. Il suffit de discipline.