Étude très intéressante (et bien à l’ordre du jour) sur la faiblesse de construction des indices qui servent de benchmark : d’après la Cass Business School (Angleterre), des indices calculés aléatoirement (décidés par des chimpanzés) battraient les indices “officiels” dans leur grande majorité : “Monkeys beat market cap indices”.

L’étude en question est en plein accord avec ce que je pense des indices boursiers : ils sont construits par des gens qui sont juges et partie et ces indices sont assez mauvais comme benchmark (à part le Dow Jones).

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Grosso, depuis les années 80, a été prise une habitude de mesurer les gérants par rapport à un “benchmark”. (Une référence).

Le CAC40, par exemple est un benchmark.
Comme le CAC40, la plupart des indices sont construits par capitalisation (Total est plus gros que Legrand par exemple)

Une exception : le plus vieil indice au monde, le Dow Jones est construit par prix (chaque valeur a un poids de 1).

Le fait est que la construction par capitalisation n’a pas de sens particulier et peut même conduire à accélérer les mouvements (quand un gros secteur comme la banque, va accélérer, tous les fonds indiciels vont précipiter le mouvement). Bref, ce n’est pas efficace.

Par contre c’est très intéressant pour les gérants, car c’est assez facile à battre comme le montre l’étude de la Cass Business School.

La sélection des titres composant un indice est souvent très critiquable (Le CAC40 par exemple ne représente pas du tout l’économie française).

Plusieurs commissions sont (enfin) réunies pour étudier les alternatives.
L’une des alternatives étant de reprendre la formule du Dow Jones : là, les poids n’interfèrent plus, les chimpanzés auraient autant de possibilités de le battre que d’être battus.

Je milite de puis longtemps pour que les indices soient retravaillés voire abandonnés : leur plus important vice est de conduire acteurs et clients de la gestion à se contenter de “battre l’indice”, ce qui n’a aucun sens. Toute la théorie à la mode sur le smart beta est issue en fait de l’observation de Case : puisque ces benchmarks sont faibles, optimisons les, et proposons cette optimisation à la vente : on aura le mérite de surperformer sans se fatiguer..

La seule réalité est la performance absolue.
Pour illustrer, si à la fin de l’année j’ai battu un indice de 10%, mais que celui ci a perdu 30%, eh bien je suis plus pauvre et c’est tout.
La plus grande bêtise issue de ces “gestions benchmarkées” a été la création de fonds indiciels et des ETF qui se contentent de répliquer l’indice.
Autant gérer au hasard en effet !!! (en plus on paye les “frais de gestion” d’une gestion indicielle alors que le gérant ne fait rien – si il n’y a pas de frais de gestion, en général c’est qu’il n’y a pas de réintégration des dividendes, c’est pire !). Mais ça, commercialement, c’est plus risqué : il faut expliquer quand ça ne marche pas !

Risks ahead

Enfin, ne confondons pas cette étude avec une ancienne théorie des années 80, le “randow walk” (la marche au hasard).
Là aussi on avait utilisé l’image des singes pour les comparer à …des gérants. La conclusion (fausse) de l’époque était que les marchés fonctionnent au hasard et que personne ne peut les battre.
Depuis, toutes les études et observations ont montré que les marchés suivent des tendances, donc des mouvements qui ont une cohérence. 🙂

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