Ces derniers jours, le Franc suisse et le Yen japonais se sont fortement appréciés contre Euro. Les admonestations du G7 ont montré leur inefficacité habituelle.
Ces mouvements sont-ils dus à la recherche de placements refuge ?
C’est, peut-être, possible vers Genève, Zürich, Lugano, c’est moins probable vers Tokyo, Kobé, Osaka ; d’autant que le Japon est frappé par la crise financière et économique au même titre que les autres pays de l’OCDE. La réponse doit plutôt être recherchée dans le dénouement de positions de « Yen carry trade » dans le cadre du mouvement général de de-leveraging auquel nous assistons actuellement. La panique est à l’ordre du jour, et vient amplifier les fluctuations des parités de change.
Rappelons le mécanisme du Yen carry trade : – un opérateur (un hedge fund par exemple) s’endette en Yens au taux (chiffre théorique) de 0,25% – il vend immédiatement ses Yens contre Euros, et place ses Euros à 4,25% – il réalise un gain net annualisé de 4% ex nihilo
Il s’agit d’un mécanisme extrêmement dangereux : le marché des changes évolue très vite, et toute réappréciation du Yen contre Euro va éliminer ce gain apparemment sans risque. Bien pire, notre opérateur va devoir racheter des Yens, en cédant ses Euros, pour rembourser sa dette initiale ; le mouvement est, dès lors, enclenché. La demande de Yens va évidemment pousser à la hausse la devise japonaise, augmentant les pertes –théoriquement illimitées – des autres opérateurs ayant pris des paris similaires. Et là, il ne s’agit plus de gain, mais d’une course effrénée pour racheter des Yens et limiter ses pertes. Et cela va continuer tant que toutes les positions spéculatives ne seront pas débouclées.
Les interventions concertées des Banques centrales peuvent freiner l’appréciation du Yen, mais certainement pas inverser la tendance.
Il se peut que beaucoup de hedge funds disparaissent corps et biens tant que la tempête n’est pas achevée.