La faillite de la banque américaine Lehman Brothers en octobre 2008 a déclenché un vent de panique probablement sans précédent depuis la crise de 1929.
En cette circonstance, des dérapages ont été mis à jour, qui ne pouvaient conduire qu’à la disparition de la confiance entre établissements de crédit et à l’assèchement du marché interbancaire.
Pourtant il s’agissait de mécanismes anciens et éprouvés. La titrisation existe depuis des décennies et a permis, à la fois, l’assainissement du bilan des banques et la mise à la disposition des investisseurs d’un instrument sécurisé comportant des niveaux de risque bien identifiés (tranches senior, « mezzanine », junior) munies d’une notation (« rating ») claire et procurant une rémunération directement fonction du risque des actifs sous-jacents.
Ces instruments ont été utilisés massivement sur les marchés hypothécaires (« Mortgage Backed Securities »), mais aussi dans le cas des Asset Backed Securities (ou « ABS ») sur des marchés aussi divers que les cartes de crédit, les prêts aux étudiants ou l’acquisition de mobile homes. Tout ceci à la satisfaction générale pendant des années.
Le dérapage résulte du développement du « subprime lending ». Le mécanisme de la titrisation n’est pas en cause, mais des prêts sont consentis massivement, sur le marché immobilier, à des emprunteurs dont la solvabilité est des plus douteuses, et qui ne pourront rembourser leur dette que si la valeur du bien immobilier sous-jacent ne cesse de s’apprécier.
Ce phénomène a été identifié dès le début de 2007, mais largement sous-estimé dans son ampleur, et dans ses conséquences pour le système financier dans son ensemble. Il faut reconnaître que ces produits qualifiés aujourd’hui de « toxiques » ont souvent été présenté de façon peu transparente, pour dire le moins, et ont bénéficié de notations très complaisantes de la part des grandes agences de notation (Standard & Poors, Moodys, Fitch). Des créances bénéficiant d’un « rating » AAA, le meilleur, se sont retrouvées notées BBB voire moins, en l’espace de quelques mois.
L’éclatement de la bulle immobilière a entraîné des défauts de remboursements, eux-mêmes à l’origine de faillites d’établissement financiers, principalement dans le monde anglo-saxon. L’Europe continentale, plus restrictive en matière d’octroi de crédits, a moins souffert de cette dérive.
Néanmoins, le marché interbancaire globalisé a été profondément atteint sur l’ensemble de la planète, faisant planer le risque très réel d’un gel complet de l’activité de prêt de la part du système bancaire, et donc une profonde dépression économique. Une coopération internationale sans précédent entre Banques centrales et Autorités monétaires aux Etats-Unis, en Europe et en Asie, a permis d’éviter le pire, d’approvisionner les marchés monétaires en liquidités de façon satisfaisante.
Aujourd’hui, ce sont les questions économiques qui sont revenues au premier plan, avec une probable récession des grandes économies de l’OCDE en 2009.